• Chapitre 2: C'était...?

    Je me demande si j'arriverais à me souvenir de tout. J'étais si heureuse d'avoir des flashs qui me ravivaient la mémoire, même si c'était perturbant. Maintenant, j'ai l'impression de stagner. Cette sensation horrible de n'arriver à rien, alors qu'avant on a accompli quelque chose. Je n'ai plus de souvenirs qui reviennent et en plus j'arrête pas de me cogner partout avec mon fauteuil alors que ça ne m'arrivait pas avant. Je donnerais tout pour pouvoir me lever de ce fauteuil et danser jusqu'à ce que je tombe de fatigue. La vie en a décider autrement. Voyons le bon côté des choses, je n'ai pas besoin de faire quoique ce soit... Juste vivre. Ou me laisser vivre, au choix. Ça va faire maintenant deux mois, et je me sens toujours dans une insécurité extrême.

     

    Et puis, pourquoi je ne demanderais pas plutôt à ma mère de me donner des informations ? Deux ou trois par jour, ça devrait pouvoir m'aider à avancer. Je cogne encore mon fauteuil contre un coin de mur quand j’essayais de rejoindre la chambre de ma mère. J'entrouvre la porte mais je ne suis pas aller plus loin. Ma mère était de train de sangloter, en silence, mais je l'entendais quand même. Elle tenait une photo dans les mains... Je préférais alors m'en aller, pour la laisser tranquille.

     

    J'en ai franchement marre de cette situation. Deux mois enfermée là, alors qu'en plus je ne peux même pas marcher. J'arrive toujours pas à m'y faire, c'est tellement perturbant de ne plus rien sentir. Oppressée, confinée, j'avais besoin de prendre l'air. Je suppose que c'était inutile de demander la permission de sortir vu l'état de ma mère, alors je pris l'initiative seule, au risque de me faire remonter. J'étais en face de la porte et je galérais entre ouvrir, reculer, avancer, arriver à passer, fermer... Mais maintenant que j'y suis, je ne regrette vraiment pas. L' air du dehors était tout simplement bonifiant. Qu'est ce que je suis bien... Le vent sur mon visage, ce changement d'air, je ne pouvais pas rêver mieux. Et pendant que je me délectais de ce moment, je me sentais épiée. J'avais bien vu. Le jeune voisin d'en face, dont je ne me rappelle absolument pas, était en train de me regarder avec de grand yeux étonnés. Il devait avoir à peu près mon âge. Peut-être me connaissait-il bien... Comment vais-je devoir lui dire que je l'ai oublier ? Et pourquoi ma mère ne lui a pas parler de ce qui m'est arrivé ? Je sais pas moi... Ils sont voisins! Il me fait un signe de la main et affiche un large sourire. Je ne m'attendais pas à ça, mais c'est réconfortant. Il est beau avec ses cheveux blond un peu en bataille et ses yeux clairs. Il a une petite bouille, on dirait un bébé. Pendant que je me perdais dans son regard, ma mère sortait comme une furie et me hurla dessus.

     

    Une fois rentrée, j'essayais de m'excuser auprès d'elle, même si j'avais bien envie de lui dire qu'être enfermée pendant deux mois c'est pas la joie tout les jours, et que j'avais envie de voir du monde... Et j'ai vu d'ailleurs... Je souris en y repensant. Alors c'était mon voisin ? On étaient proches ? La voix de ma mère me retirais de mes pensées et elle continuait son sermon. "C'est dangereux"  "t'as mémoire n'est pas encore revenue" "tu n'es pas prête" blablabla...

     

    -Mais maman je voulais juste sortir !

     

    Et puis, j'en pouvais plus, il fallait que je lui parle franchement.

     

    -Et puis excuse moi si ma mémoire reviens pas ! C'est pas ma faute ! Et toi tu pourrais m'aider aussi ! Je sais pas moi ! Me donner des informations ! Sur mes voisins, ma famille, mes études, tout  ! J'ai vu une photo de moi avec un petit garçon à côté ! C'est qui ??

     

    Ma mère me regardait, les yeux encore rouge, et reculait. Je me suis rendue compte que j'ai été agressive et que ce que j'ai dit pouvait être blessant pour elle. Elle reculait encore, choquée et n'arrivait pas à parler. Ais-je été trop loin ? J'avançais mon fauteuil et pris doucement son bras avec ma main mais elle me repoussa sèchement:

     

    -Me touche pas !!

     

     -Maman....

     

     -Recule !!

     

    Je n'en crois pas mes oreilles... En fait je n'ai pas envie d'y croire. Qu'est-ce qui lui prend ? Nos regards sont figés et elle me dit qu'elle ne préférerait pas parler de ça. Ce que j'avais compris.

     

    Quelques heures plus tard ma mère était partie faire des courses, j'en profitais alors pour aller dans sa chambre et voir ce qui a pu la chambouler à ce point. Elle avait laisser le cadre sur son lit, à croire qu'elle voulait que je voies de quelle photo il s'agissait. Quand je la vis de plus près je ne savais plus trop quoi penser... C'était un petit garçon, le même qui est à côté de moi sur une autre photo. Mais... Qui c'est bon sang ? Quand j'ai parler de lui ça à tout foutu en l'air. Ma mère est allez trop loin. Elle m'avait pousser en arrière et moi, j'ai eu une peur bleue dans mon fauteuil. Comment a-t-elle pu me faire ça ? C'est à cause de ce fichu garçon à la noix ! A cause de ma mémoire de merde ! A cause de mes jambes débiles ! J'ai l'impression que tout va mal et moi, je suis pas loin d'être anéantie.

     

    Très en colère contre tout, apeurée, triste, faible et perdue, je me dirigeais vers ma chambre d'une lenteur aberrante. Une fois sur mon lit, j’entendais frapper et c'était ma mère qui venait me voir. Tiens, c'est nouveau ça. Elle avait l'air si honteuse et tellement désolée qu'on aurait dit qu'elle voulait s'enterrer. J'avais la gorge serrée et je me retenais de pleurer -encore une fois- tant que je pouvais. Elle s'asseyait à côté de moi et me caressait les cheveux. Doucement je retirais sa main de ma tête, en ce moment j'avais pas trop envie qu'elle me touche. Elle baissa la tête, puis me dit d'une voix tremblante:

     

     -Je suis vraiment désolée... J'ai déraper. Ton amnésie est très perturbante et je n'arrive pas à tout gérer. Et comme je dois veiller sur toi je n'ai plus de travail alors...

     

    A ces paroles je me met à tiquer, ce que ma mère avait remarquer et elle regretta derechef.

     

     -Non mais c'est pas de ta faute si j'ai plus de travail je ne t'en tiens pas rigueur, je ne m'adressais pas forcément à toi quand je disais ça... C'était juste par rapport aux petits moyens que nous avons en ce moment... Heureusement, j'ai des aides grâce à ton handicap...

     

    Je tique à nouveau, ma mère se rend compte qu'elle patauge et qu'elle s'enfonce de plus en plus.

     

    -Enfin je veux dire...

     

    -C'est bon. Ça suffit maintenant.

     

    J'ai préférer la couper net parce que j'en avais assez d'entendre toutes ces horreurs non voulues de la bouche de ma mère. Elle ne disait rien. En même temps, elle était un peu dans la merde alors je l'ai sortie de là en quelque sorte.

     

     -C'était ton frère.

     

    -Pardon ?

     

    Pardon ? Je ne suis pas sure d'avoir tout compris. Elle balance ça comme ça...

     

     -La photo... C'était ton petit frère.

     

    Oh mon... J'ai un frère. J'ai vécu deux mois dans le vide de ma mémoire sans savoir que j'avais un frère. Je commençais vraiment  à en vouloir à ma mère de ne pas m'avoir dit au moins ça. C'est ma famille ! Et pourquoi je ne l'ai pas vu avant d'ailleurs ? C'est après qu'un élément me fit comprendre. Un élément terrifiant et horrible. Un pincement au cœur, je lui posais alors cette question qui m'effrayais tant.

     

    -C'était...?


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :